Ces pau­vres vieux qui ont tra­vail­lé toute leur vie, et qui n’ont plus un sou pour prof­iter de leur retraite bien méritée. L’im­age est forte, pathé­tique, et sans doute plus répan­due que celle du vieux ren­tier mil­lion­naire. D’après le dernier rap­port du Sec­ours catholique, les séniors sont de plus en plus en nom­breux à sol­liciter l’aide de l’association. A plus vaste échelle cepen­dant, le con­stat doit être nuancé. En France, les retraités vivent de mieux en mieux, par­fois même plus large­ment que la moyenne nationale.

Le pos­tu­lat a été posé par le jour­nal bri­tan­nique The Guardian : en Europe et aux Etats-Unis, l’écart de revenus entre les jeunes de moins de trente ans et les séniors de plus de soix­ante ans (retraités ou act­ifs) n’a cessé de se creuser ces trente dernières années. En France, d’après les don­nées de l’Insee, les revenus disponibles par foy­er ont aug­men­té de 12 % entre 1996 et 2012. Chez les 60–69 ans, ces revenus ont pris 21 % sur la même péri­ode ! À l’inverse, les moins de 30 ans ont du se con­tenter d’une hausse de… 2 % des revenus disponibles.

21 % : le taux d’aug­men­ta­tion des revenus chez les 60–69 ans, depuis 1996

« Les per­son­nes âgées restent en moyenne bien moins touchées par la pau­vreté que les act­ifs plus jeunes, expliquent les chercheurs Céline Arnold et Michel Lelièvre, en préam­bule d’une étude de l’Insee rééditée en 2013. La pau­vreté des seniors reste con­cen­trée — et s’est même accrue — chez les femmes de plus de 75 ans, sou­vent veuves, et qui, sur les généra­tions con­cernées, ont moins travaillé. »

Des iné­gal­ités qui se creusent

Si dans le détail, le niveau de vie de cer­taines per­son­nes âgées n’augmente pas, deux raisons expliquent ce phénomène. D’une part, la forte hausse des revenus engen­drés par le pat­ri­moine crée une frac­ture entre les séniors qui en dis­posent et les autres. D’autre part, le vieil­lisse­ment de la pop­u­la­tion que con­naît la démo­gra­phie française a un effet mécanique : plus il y a de per­son­nes âgées, plus les chances que cer­taines d’entre elles soient pau­vres sont élevées.

Passée cette excep­tion, la ten­dance générale est à l’en­richisse­ment des séniors depuis près de vingt ans. « Leur sit­u­a­tion économique a con­nu d’importants change­ments depuis le début des années 60, écrivait dès 1997 Jean-Claude Hen­rard, médecin et chercheur. Ils sont passés d’une sit­u­a­tion d’ensemble de pau­vreté et d’assistance à une moyenne de revenus égale à 80 % de leur dernier salaire. » Les per­son­nes âgées sont de plus en plus aisées, et leur sit­u­a­tion s’améliore encore. Qui affirme encore que c’était mieux avant ?

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Crédits pho­to: Michael McGimpsey